4 erreurs à éviter pour chanter avec du Twang

Chanter le twang amplifie la voix

Le Twang est une technique vocale incontournable en musiques actuelles. Reconnaissable entre mille, il cache des ajustements complexes derrière sa sonorité bien spécifique. En voix parlée, on peut l’entendre dans la voix mémorable de Janice dans Friends ou dans l’accent texan. Pour les chanteurs et chanteuses, c’est une technique très intéressante, particulièrement quand on veut chanter dans les aigus et amplifier la voix, sans pour autant fournir un effort vocal démesuré. Seulement voilà : pour réussir à chanter en utilisant le twang, il faut de la patience et de la pratique. Je te dis donc tout de suite ce qu’est exactement le twang et les erreurs à éviter pour le maîtriser. 


Le twang, une technique pour amplifier la voix sans la pousser

Le twang est une technique vocale qui permet d’amplifier la voix à moindre effort, pour chanter dans les aigus plus facilement, par exemple, même s’il peut aussi être utilisé dans différents registres de la voix. C’est une technique très efficace, qui aide à trouver la puissance et la présence, tout en enrichissant la résonance et en donnant un son brillant et clair, dit “nasillard”. 


Le twang se forme dans le larynx. Grâce à la contraction des muscles ary-épiglottiques, l’épiglotte (un cartilage placé au-dessus des cordes vocales) va s’abaisser, et se rapprocher des aryténoïdes (des cartilages situés à l’extrémité de chaque corde vocale). Ce resserrement sus-glottique (au-dessus des cordes vocales) modifie l’espace de résonance situé au niveau du laryngo-pharynx, pour prendre la forme d’un entonnoir. 


La forme du conduit vocal étant rétréci, le son de la voix peut s’amplifier et s’enrichir en donnant une couleur bien spécifique. C’est le twang.

anatomie du twang

En chant, il peut s’appliquer à tous les styles musicaux, ponctuellement, ou en continu. On le retrouve, par exemple, chez Chris Stapleton, Duffy ou Aretha Franklin. Il est très présent dans la musique country, que ce soit en twang oral ou nasalisé. 



La technique du twang est également utilisée par les “chanteurs de rue” qui souhaitent amplifier leur voix sans microphone, pour interpeller les passants et se faire entendre au milieu de la foule et du bruit ambiant. Le twang a une couleur vocale spécifique, qui permet de parler ou de chanter avec une voix claire, présente, bien audible et perçante.



Les 4 erreurs à éviter pour réussir la technique du twang

Le twang est une technique vocale spécifique qui demande de la précision. J’ai repéré quatre erreurs courantes chez les chanteurs et chanteuses qui souhaitent l’intégrer dans leur pratique du chant.



Forcer sa voix

Le twang doit être le plus naturel possible dans la production du geste. Le but n’est pas de forcer sur la voix, bien au contraire. Ce qu’on recherche, c’est l’aisance et  le confort. Cette technique doit permettre de monter dans les aigus avec facilité, en produisant un son clair et puissant, sans « pousser la voix ».



Toute sensation de douleur, ou de picotements dans la gorge, indique que le geste technique n’est pas équilibré. En chant, un déséquilibre s’inscrit généralement dans le « trop » ou dans le « pas assez ». L’enjeu est donc de comprendre à quel endroit on se situe. Quoi qu’il en soit, toute sensation désagréable n’est pas « normale » et ce n’est pas l’objectif recherché.

Rester à l’écoute de ses propres perceptions est donc fondamental. Toute sensation inconfortable est un signe d’alerte. 



La solution : reprendre les exercices pour trouver le twang, sans forcer, sans « pousser » et sans chercher à chanter fort. Une bonne coordination des éléments techniques permet de trouver à la fois la puissance, la résonance et le confort. 



Astuces : 

  • Faire des grimaces en impliquant les muscles du visage est une façon ludique et très efficace pour te permettre de trouver le twang.

  • Imaginer une odeur qui est particulièrement agréable quand on décide de chanter avec du twang.

  • Relâcher le corps en faisant des exercices de balancement quand on pense être dans un effort trop important.



Chercher tout de suite un joli son

Le twang n’est pas un son très apprécié des chanteurs, qui souvent le caractérisent de « moche ». Véridique ! C’est le discours que j’entends régulièrement. 



Et si, au final, il suffisait de commencer par l’expérimenter, l’apprivoiser et le maîtriser pour apprendre à l’aimer ?

Chercher un « joli » son quand on commence à l’expérimenter est une erreur ! Et tu sais pourquoi ? Parce qu’au début, il faut exagérer le trait pour sentir, entendre et comprendre de quoi il s’agit. C’est une étape indispensable pour ensuite trouver le bon endroit, le bon dosage et le joli son. 



C’est sûr que si tu imagines un curseur de twang et que tu le mets à 100 %, ce n’est pas comme ça que tu vas l’aimer. En revanche, si tu apprends à le mettre à 100 %, puis à 0 %, puis à 50 % puis à 20 %, puis à 10 %, tu te rendras peut-être compte que le son qui te semble acceptable se situe avec un curseur à 8 %.



Quoi qu’il en soit, les premiers exercices vont permettre de comprendre le geste vocal, pour découvrir et s’approprier cette nouvelle technique, puis, petit à petit, la maîtriser. Forcément, on ne peut pas tout de suite être dans un résultat parfait. Dans tous les cas, la perfection est celle que, TOI, tu recherches. La patience sera ta meilleure amie et n’oublie pas que Paris ne s’est pas fait en un jour !



Comprendre comment le twang fonctionne au niveau physiologique, en le ressentant dans son corps et en trouvant ses propres repères, sont des clés qui permettront la maîtrise du geste et l’harmonie du chant. 



Astuce : 

Pour arriver à trouver un joli TWANG, explore les extrêmes au niveau des exercices :

  • Twang à 100 %,

  • Twang à 0 %

  • Et différents degrés de dosage


.

Vouloir aller plus vite que la musique

La maîtrise de toute nouvelle technique vocale, quelle qu’elle soit, demande du temps, de la répétition, et de la coordination.



Il est donc important, autant pour le chanteur que pour l’enseignant, d’accepter ce temps de découverte, d’exploration, d’assimilation, de répétition et de mémorisation. Les exercices doivent aider à comprendre le fonctionnement physiologique, pour ressentir le twang, pour l’entendre et pour se familiariser avec la technique



Une fois qu’on a compris comment ça marche, il faut apprendre à le doser en resserrant plus ou moins le sphincter ary-épiglottique. Certains chanteurs commencent par un twang très appuyé et très marqué, puis ils essayent de l’adoucir. Pour d’autres, il est déjà très présent naturellement, et il est alors nécessaire d’apprendre à relâcher les muscles intrinsèques laryngés pour trouver une couleur moins pincée et moins nasillarde. 



Utiliser le twang dans diverses configurations permet aussi de s’assurer que le geste vocal reste libre, en variant les voyelles, les syllabes, les fréquences, les registres etc. Pars du principe que ce temps de travail intensif et fastidieux est du temps gagné pour la suite. C’est ça qui permettra au chanteur d’intégrer les techniques, apprises plus facilement, dans son contexte professionnel.



La coordination est aussi un composant incontournable. Le twang est une technique qui s’inscrit dans un ensemble. Le resserrement du sphincter ary-épiglottique est une portion du geste. Quid du soutien et de l’articulation ? Tous ces éléments fonctionnent en synergie, et c’est ça qu’il faut comprendre pour réussir à maîtriser et à doser cette technique. Il faut donc inscrire le twang dans une esthétique vocale globale. 



Confondre le twang et la nasalité

Une erreur fréquente est de confondre le twang avec la nasalité. Pourtant, il s’agit de deux configurations bien différentes. 



Quand on parle de nasalité, cela implique que le souffle sorte par le nez. Le voile du palais est donc abaissé, en partie ou totalement. On parle de nasalité car les fosses nasales sont disponibles pour permettre au son de s’y enrichir. Les fosses nasales font alors office de résonateurs. Quel est le lien avec l’épiglotte ? Aucun !



Le twang, quant à lui, peut être exclusivement oral, nasalisé ou complètement nasal sur certains sons. Cela qui implique qu’il peut s’inscrire dans différentes positions du voile du palais. Avec le twang, on ressent des vibrations au niveau du visage et autour des arêtes du nez, même quand il est exclusivement oral. C’est probablement cette particularité qui crée cette confusion autour de la nasalité et du twang. Les expérimentations faites au spectrogramme montrent pourtant que leur analyse acoustique est bien différente. 


Astuce : 

Pour bien comprendre comment fonctionne le twang et l’intégrer à sa pratique vocale, on peut donc déjà commencer par faire la distinction avec la nasalité. Utiliser le twang dans les trois positions du voile du palais permet de dissocier chaque élément séparément et faire ainsi la distinction parfaite entre twang et nasalité. 



Quels exercices proposer en cours de chant pour travailler le twang ?

Tu connais désormais les erreurs dans lesquelles il est facile de tomber quand on veut intégrer le twang à sa pratique vocale, ou l’enseigner à ses élèves. Mais quels exercices proposer quand on est prof de chant, pour arriver à trouver le twang ? En voici deux, très efficaces, pour la découverte et le travail technique :



  • Commencer par faire des sons qui ont un twang très accentué. Imiter le rire d’une sorcière, un bébé qui pleure, chanter « gnia, gnia, gnia » (comme un enfant qui narguerait ses camarades dans la cour de récré), imiter un mouton ou encore Woody Woodpecker sont d’excellents moyens de déclencher le rétrécissement du sphincter ary-épiglottique. Ces exercices permettront de trouver le twang naturellement, en fournissant peu d’efforts, pour entendre, comprendre et sentir comment il se forme. 



  • Comparer le humming au buzzing (le twang, donc) sur les consonnes nasales M, N et sur le NG. Ces sons aideront à travailler le geste, à apprendre à le doser et à le maîtriser, en trouvant la puissance, avec un maximum de confort.





Pour bien réussir à faire le twang et à l’enseigner, l’idéal est de garder en tête les objectifs suivants : obtenir un son puissant et brillant, mais avec confort et aisance. Les exercices doivent être orientés de façon à utiliser le twang à différents dosages, tout en coordonnant le geste vocal dans sa globalité (soutien / articulation). Il est important d’accepter ne pas sauter des étapes pour permettre l’assimilation du geste et de la coordination. La répétition sera essentielle pour une pratique efficace, en utilisant différentes voyelles, fréquences et registres du chanteur. Avant de pouvoir transmettre cette technique à tes élèves, je te recommande, bien sûr, de la perfectionner dans ta propre pratique vocale et de chercher à bien comprendre son fonctionnement physiologique. 


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